Conversation avec Christophe Duhamel, l'un des créateurs de Marmiton

Qui n'a jamais utilisé le site Marmiton pour trouver une recette de cuisine ? Découvrez l'interview de l'un de ses créateurs qui revient sur l'évolution du site et sa communauté.

22 JUIL. 2014 · Lecture : min.
Croque sucré pomme et caramel - Photo Marmiton

Qui ne connaît pas Marmiton, le premier site Internet de cuisine en français qui propose plus de 60 000 recettes proposées et réalisées par les internautes ? Christophe Duhamel, l'un de ses créateurs, a bien voulu répondre aux questions de Traiteurs.fr pour raconter cette aventure et l'évolution de Marmiton, un projet né de deux passions : la cuisine et le digital.

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Crevettes au curry Photo Marmiton

Tout d'abord, revenons sur les débuts de Marmiton et sur ce qui vous a poussé à développer ce projet. Comment est née l'idée du site ? Est-ce que c'est avant tout la passion de la cuisine, l'intérêt pour les possibilités qu'offraient les nouvelles technologies et le Web 2.0, d'autres facteurs ?

J'ai commencé à travailler sur le Web très tôt : mon premier emploi a commencé fin 95 en agence web, en tant qu'ingénieur développement. Mais mon lien avec la cuisine a démarré encore bien plus tôt : j'étais un pré-adolescent lorsque j'ai décidé -poussé par la gourmandise- de faire mes premiers choux à la crème. C'était le début d'une passion qui ne s'est jamais arrêtée.

C'est en 1998 qu'avec deux collègues et amis nous avons décidé d'unir notre passion pour la cuisine et nos compétences dans le digital, pour lancer un service répondant à un besoin majeur de l'époque, auquel peu de médias répondaient alors : trouver de recettes bonnes et fiables et surtout... prendre confiance et oser se lancer en cuisine.

La cuisine étant fondée sur énormément de partage et l'Internet avant tout un outil de partage, cette idée était logique. L'Internet a toujours été 2.0, c'est la vision qu'en avaient les gens au début qui était limitée.

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Framboisier Photo Marmiton

Est-ce que les réseaux sociaux ont influencé le développement du site et de sa communauté ?

Les réseaux sociaux "classiques" tels que Facebook, Google+, Pinterest ou Twitter sont arrivés assez tardivement. En fait, Marmiton a joué un rôle de réseau social dès le début, car le site faisait le lien entre ceux qui cherchaient des recettes et ceux qui souhaitaient en partager.

Quelles sont les sections et recettes qui intéressent le plus les utilisateurs ?

La rubrique "Recettes", évidemment, mais aussi la rubrique "Vidéos", car ce format permet d'aller plus loin. Concernant les recettes, le sucré a toujours un peu plus de succès, mais ce sont les grands classiques qui drainent le plus d'audience : blanquette, tiramisù, tartes...

Qu'a changé l'inclusion de la vidéo ?

La vidéo nous a permis d'aller plus loin dans la valeur ajoutée apportée aux marmitonautes, notamment via les gestes techniques. Cela nous a permis également de mettre en scène l'équipe et de renforcer le lien avec les marmitonautes.

Dernier point : la vidéo constitue un inventaire monétisable de qualité, ce qui est important en période de baisse des CPM (les coûts pour mille) sur le display, c'est-à-dire les bannières publicitaires classiques, à cause des plate-formes d'enchères inversées.

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Salade de courgettes - Photo Marmiton

Pourquoi un magazine papier à l'ère d'Internet ? Qu'est-ce qu'il apporte de plus ?

Le magazine papier était un pari, mais surtout une idée des internautes. Et comme toute idée soufflée par la communauté, c'était une bonne idée ! Nous n'avons fait aucune étude de marché et avons réalisé le premier numéro en quelques semaines... et nous en avons vendu plus de cent mille !

Nous pensions qu'il nous apporterait de la notoriété auprès des non-internautes, mais surtout une image plus qualitative grâce à des photos professionnelles des recettes (ce qui était alors un point faible de notre site car la majorité des photos provenaient des internautes).

Or, finalement, non seulement le magazine nous apporte un revenu conséquent et régulier (alors que les revenus publicitaires sont très volatils et encore peu récurrents, d'autant que les annonceurs du secteur alimentaire sont encore très peu présents sur le digital), mais en plus, il nous a permis de séduire de nouveaux annonceurs... Et il nous a permis de communiquer car ce passage réussi du web au papier ne cesse de faire couler de l'encre (et des pixels)...

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Moelleux aux groseilles - Photo Marmiton

Le site ne cesse d'évoluer, vous avez inclus des nouveautés comme la section Tendances et la section Outils, le blog de l'équipe, pourriez-vous nous en dire plus ?

Sur le Net, soit on avance, soit on recule. Quand en plus on est archi-leader en audience, il est indispensable d'évoluer et d'innover sans cesse. Pour ce faire, nous passons beaucoup de temps à écouter les marmitonautes : via les nombreux messages que nous recevons, via de nombreuses enquêtes (dont la principale -"Vous et la cuisine"- est menée chaque année auprès de plus de 10 000 personnes) et nous multiplions les occasions de dialogue physique (via nos événements "Journée Marmiton" ou via nos déjeuners mensuels "cuisine ouverte" où 30 marmitonautes sont conviés à venir échanger avec l'équipe).

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Salade de fèves, chèvre et oeuf dur - Photo Marmiton

Et les prochaines nouveautés pour cette année et l'année prochaine ?

Il y en a beaucoup ! Mais elles sont principalement calées autour de l'amélioration des services existants : il faut sans cesse faire plus ergonomique, plus joli, plus pratique, plus utile... Ça ne permet pas forcément de gros effets d'annonces, mais c'est l'essentiel de ce qui nous est demandé par les utilisateurs.

Après, il y aura des nouveautés, toujours centrées autour des besoins des marmitonautes, mais là je n'en dis pas plus ;-) ! Ah oui, aussi le retour à l'international. Après avoir fait toutes les erreurs possibles sur les premières tentatives, on va repartir sur de meilleures bases.

Quels conseils donneriez-vous à un blogeur cuisine qui débute ?

Un blog, c'est avant tout personnel. Il faut trouver SA tonalité, mettre en avant SA personnalité, créer la connivence et surtout... être différent des autres ! Et aussi être tenace : tous les blogs connus ont mis des années à trouver leur public. Il faut avoir le temps, la patience et la ténacité pour poster régulièrement. Mais là aussi, mieux vaut la qualité à la quantité.

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Vin de framboises - Photo Marmiton

La blogosphère cuisine a beaucoup évolué depuis les débuts des premiers blogs cuisine. Quelles sont les tendances actuelles ? Vers où va la blogosphère cuisine en France ?

La blogosphère a de nombreuses facettes : il y a les "pros", qui ne vivent pas de leur blog (personne n'en vit dans le domaine de la cuisine, contrairement à d'autres secteurs comme la mode ou la beauté) mais qui vivent de piges ou de prestations culinaires et pour qui le blog est une vitrine (Clea, Anne de Papilles et Pupilles, Mercotte, Dorian, Pascale Weeks, La Cuisine de Bernard...).

Il y a les spécialistes reconnus (Electroménagère...), ceux qui ne le sont pas encore (car plus récents)... et les milliers de blogs qui ne font pas énormément d'audience, mais qui prennent un vrai plaisir à le faire (l'écriture est un hobby passionnant et peut même avoir des vertus thérapeutiques !).

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Ceviche de crevettes - Photo Marmiton

Pensez-vous qu'un site comme Traiteurs.fr peut aider les utilisateurs à organiser leurs évènements et célébrations ?

Bien sûr : l'idée est de créer du lien entre des professionnels et des clients potentiels, en ce sens le site Traiteurs.fr a sa place dans l'écosystème digital en tant que facilitateur. On a besoin de plus de services de ce type.

Photos : Marmiton.org

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Traiteurs.fr

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